A première vue, le principal héritage d’Edgar Rice Burroughs, c’est surtout Tarzan, un véritable mythe. Encore aujourd’hui, alors que l’actualité culturelle ne lui réserve plus beaucoup de place, tout le monde sait encore qui est Tarzan. Son ombre réapparait régulièrement dans notre conscience collective, pour nous rappeler que le fantasme de cet homme, en parfait accord avec sa nature animale, est plus que jamais d’actualité, en dépit de ceux qui tentent de l’associer à un racisme et un colonialisme qui n’ont jamais, et ne feront jamais, partie du personnage.
Mais on aurait tort de négliger l’impact peut-être aussi profond qu’ont eu les aventures de John Carter sur la culture populaire, un impact qui certes se voit moins, car il est aussi puissant qu’indirect. Quand Jerry Siegel rencontre en 1944 Edgar Rice Burroughs sur le Front du Pacifique, il lui écrit la dédicace suivante : « à Edgar Rice Burroughs, le père de tous les principaux héros de notre temps » (« To Edgar Rice Burroughs, the daddy of today’s leading heroes »). Et étant un des pères de Superman, il sait de quoi il parle. John Carter, et Tarzan, font en effet partie des sources d’inspiration qui ont présidé à la création de Superman. Comme John Carter, la différence gravitationnelle entre la planète natale de Superman et la Terre lui permet de sauter par-dessus les plus hauts immeubles. Mais plus encore sans doute, Superman, c’est aussi un code moral inflexible, un optimisme inébranlable et un courage aveugle et absolu face au danger, qui n’est pas sans rappeler celui des héros de Burroughs.
http://www.erbzine.com/mag31/3199.html
« À l’origine, j’ai voulu faire un film grandiose sur Flash Gordon, mais je ne pouvais pas obtenir les droits. Donc j’ai commencé à faire des recherches et j’ai trouvé où Alex Raymond (le créateur de Gordon) avait puisé ses idées : dans les œuvres d’Edgar Rice Burroughs, et plus particulièrement dans sa série de livres consacrés à John Carter. » Ces mots sont ceux d’un certain George Lucas, qui les confiait en 1977 à SF Review. En effet, en 1933, Edgar Rice Burroughs était entré en pourparlers avec King Features Syndicate, qui souhaitait publier un comic strip consacré aux aventures de John Carter, qui serait dessiné par l’hyper talentueux Alex Raymond. Finalement les négociations tourneront court en 1934, trois jours seulement avant que ne paraisse le premier épisode de Flash Gordon… En quoi la saga Star Wars a-t-elle donc été influencée par John Carter ? Certains termes sont étrangement familiers (banths/banthas, Jedi/jeddaks, Sith), le début du Retour du Jedi (la tenue de la princesse Leia esclave, Jabba the Hutt, le chef de tribu obèse et libidineux, ressemble au Tal Hajus de La Princesse de Mars, les barges…), mais aussi et surtout la fin de l’Empire Contre-Attaque, où les amoureux séparés servent de « cliffhanger » comme dans les Dieux de Mars. On peut aussi se demander si la forme de la « trilogie » même n’est pas un emprunt à Burroughs, puisque les trois premiers romans de la série forment une seule et même histoire.
http://www.erbzine.com/mag33/3393.html
Est-ce à dire que les super-héros, Flash Gordon et Star Wars doivent tout à Burroughs ? Non, bien sûr, les influences sont multiples et Burroughs lui-même a sans aucun doute été influencé lui-même. Aucun artiste ne crée à partir du néant. Mais l’ADN des héros de Burroughs fait bien partie de nombres de nos mythes modernes les plus célèbres, et il est dommage que cette influence ne soit pas toujours reconnue à sa juste valeur.