Vous aimez le poulpe ?
Le poulpe, c’est mou, visqueux, peu ragoutant, informe. Alors rien de bien étonnant qu’une silhouette humaine à tête de poulpe marque l’imagination !
Je vais bien parler de Cthulhu et non pas seulement de Howard Phillips Lovecraft, car le Mythe de Cthulhu tel qu’il nous est parvenu est, à bien des égards, indépendant de l’œuvre originelle. D’ailleurs certains connaissent Cthulhu sans avoir lu une ligne de Lovecraft ! Est-ce votre cas ?
Le Mythe de Cthulhu, au départ, c’est un club d’écriture, rassemblé autour de la figure de Lovecraft. Les écrivains qui en font partie s’amusent à se répondre les uns les autres, chacun créant son Dieu ancien, son livre mystique, ou ajoutant une créature, tout en glissant quelques références aux travaux des copains. Robert Bloch et Lovecraft s’assassinent même mutuellement dans leurs nouvelles !
C’est après la mort de Lovecraft qu’une structure nommé « Mythe de Cthulhu » est mise en place par August Derleth, qui publie dès 1939 les écrits de Lovecraft au sein de la maison d’édition Arkham House. Même si, comme Lyon Sprague de Camp avec Robert E. Howard, August Derleth se présente comme un « collaborateur posthume », et qu’il écrit des romans dans cet univers, il ne va pas jusqu’à réécrire les textes de Lovecraft ou à « compléter des récits inachevés »…
La sombre ironie reste qu’aussi bien Robert E. Howard et H.P. Lovecraft, de leur vivant, n’ont jamais eu accès au marché du livre, et que ce sont leurs « exécuteurs testamentaires » qui en ont profité le plus. Robert E. Howard, lui, vivait cependant de sa plume, et était même un des hommes les plus riches de sa ville. Ce ne fut jamais le cas de Lovecraft, qui mourut dans la pauvreté.
La structure actuelle du Mythe
A bien des égards, ce que l’on connait du Mythe de Cthulhu maintenant, c’est au jeu de rôle que l’on le doit, et à Sandy Petersen en particulier. C’est lui qui finalement choisit, en créant L’Appel de Cthulhu, ce qui, dans la cosmologie inventée par Derleth, ce qu’il est bon de garder ou pas – notamment les associations des Grands Anciens aux forces élémentaires.
Et en tête de liste, Cthulhu, visuellement le plus impressionnant, un poulpe géant, normalement représenté humanoïde avec d’immense ailes dans le dos, même si en réalité il peut prendre de multiples formes. Celui qui se lèvera un jour de sa résidence sous-marine de R’Lyeh pour nous anéantir tous, bon, sauf si, comme dans le Retour à Arkham de Robert Bloch, on lui balance une bonne bombe atomique sur la tronche.
Un univers désespéré, mais pas trop…
Le scénario typique de l’Appel de Cthulhu, c’est un groupe de cultiste qui tente d’invoquer dans notre monde un des Grands Anciens, pour qu’il détruise le monde. Inutile de dire que s’il réussit, ben tout le monde est mort. Les personnages des joueurs doivent trouver le moyen de contrecarrer ces plans à tout prix, ce qui signifie dans beaucoup de cas y laisser la vie. Car on joue des gens ordinaires dans ce jeu.
Tout l’art du Maître de jeu de l’Appel de Cthulhu, c’est donc de mettre en scène l’épouvante, tout en ayant un moyen de faire gagner les investigateurs. Un équilibre difficile à doser, et du côté des joueurs, une certaine difficulté à s’attacher à des personnages qui peuvent à tout moment décéder. Réussir une bonne partie avec ces contraintes reste un plaisir absolu !
L’Horreur Cosmique, ou aimer à se faire peur…
Le Mythe de Cthulhu est à la fois effrayant et confortable. On aime à penser qu’il y a des formes de vie au-delà de toute portée, tellement puissante que nous ne serions que des fourmis pour elles. Elles sont à la fois terrifiantes et familières, parce qu’identifiées. On en fait aussi des peluches et des figurines, et on apprécie de mettre en scène les pauvres êtres humains, qui ne sont pas nous, tenter de les arrêter, en jeu de rôle, en jeu vidéo, en jeu de plateau.
Le Mythe de Cthulhu, qui de plus est tombé dans le domaine public, n’a pas fini de nous fasciner !
Et vous-même, êtes vous familier avec le Mythe de Cthulhu, et appréciez-vous cette mythologie ? Dites-le moi en commentaire !