Si « Mais qui est donc Sister Love ? » est bien mon premier roman, ce n’est pas le premier de mes textes à avoir été édité, même si leur diffusion a été limitée aux membres du fan-club L’Alliance Normande de Star Trek, puis du fan-club Unification. De 1995 à 1999 je pense, le temps de 8 numéros, notre joyeuse bande d’écrivains en herbe a sévi dans le fanzine « L’Aventure Continue ».
C’ÉTAIT LA MEILLEURE DES ÉPOQUES…
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La bouteille de Dom Pérignon cuvée 2316 fend l’espace intersidéral et va finir sa course contre la coque rutilante de l’USS Einstein. Le capitaine T’Seya regarde la scène, apparemment sans réaction, alors qu’elle tente de repousse un sentiment de fierté qu’elle juge inapproprié.
Un instant, le liquide semble dessiner en s’éparpillant l’emblème de Starfleet.
Bon présage ?
Deux heures plus tard, le voyage d’inauguration est retardé, car de minuscules bouts de verre de la bouteille semblent avoir endommagé le déflecteur principal.
Mauvais présage ?
J’ai ainsi eu l’insigne honneur, merci à Yvanie Caillé, d’écrire ces premiers mots du numéro 0 du fanzine L’Aventure Continue, paru sans doute en mai 1995, non sans que certains intégristes de l’aspect technique de Star Trek n’aient eu les dents qui grincent en imaginant de simples bouts de verre endommager un déflecteur conçu pour repousser des astéroïdes. Oui, la scène est bien un hommage à la scène d’ouverture de Star Trek Generations, un film que je continue à bien aimer en dépit (ou à cause ?) de ses imperfections.
Chacun des participants au fanzine créait un personnage membre de l’équipage de l’Einstein, et le but était d’écrire des nouvelles mettant en scène son personnage et celui des autres. On est au début de l’internet accessible à tous, et pour être tout à fait précis, à titre personnel je n’ai pas de PC à l’époque, mes textes sont tapés sur le traitement de texte de mon Amstrad CPC 6128, imprimés et envoyés par courrier ! Je communiquais avec les autres membres par courrier, les adresses étant publiées sur les fiches de chaque personnage. Je salue l’abnégation de ceux qui ont dû retaper mes textes pour les intégrer dans un format acceptable pour publication ! C’était sans doute Yvanie ou son compagnon Dominique.
Mon personnage était Thal, un ex-assassin Romulien qui se faisait passer pour un Vulcain, et qui était entré chez Starfleet en tant qu’officier de la Sécurité. Envoyé par la guilde d’assassins pour tuer rien de moins que l’ambassadeur Spock, il n’arrive pas à le localiser, mais par contre tombe amoureux de la culture vulcaine. Décidé à s’intégrer, il rejoint les rangs de Starfleet.
S’ensuivirent sept numéros du fanzine, jusqu’en… 1999 ? J’avoue ne plus avoir les dates exactes en tête. Dans chaque numéro, dont les couvertures et certains dessins intérieurs étaient généralement dessinés par l’extraordinairement talentueuse Géraldine Maire, paraissaient les fiches des nouveaux personnages, et les nouvelles, dessins, bandes dessinées et plans de l’USS Einstein par Pierre-Olivier Ochin.
LA FIN D’UNE AVENTURE
Pourquoi s’est-il arrêté ? Il représentait beaucoup de travail, que ce soit au niveau du traitement des textes ou de la mise en page, et les membres fondateurs d’Unification avaient plutôt pour ambition de créer un véritable fanzine d’actualités, qui devint le PADD. Leur volonté était une véritable professionnalisation du fanzine à terme, ainsi que la tenue de conventions. Unification organisa ainsi une rencontre avec Larry Nemecek, l’auteur du Star Trek: The Next Generation Companion, ainsi qu’une convention avec Max Grodénchik (Rom dans Deep Space Nine) et sa compagne de l’époque Lolita Fatjo, productrice sur Star Trek.
Je participai au PADD, d’autant plus que mon ami Pierre Bouvier se chargeait de la mise en page, jusqu’au numéro 6. Je me souviens encore de nos séances de bouclage, où nous comblions les trous du magazine avec des articles de dernière minutes, dont le fameux « DS9 : la meilleure série Star Trek ? » (pour moi, c’était clairement non !). Pierre, de son côté écrivait l’article « Starfleet fait-elle vraiment de l’exploration ? ». Nous ricanions comme de sales gamins en imaginant les réactions outrées, qui ont effectivement alimenté le numéro suivant ! Bande de petits trolls, va.
C’est à cette époque que j’ai pris mes distances avec le fan-club. La professionnalisation n’était pas dans mes plans, du tout. J’étais venu dans le fan-club pour rencontrer et interagir avec d’autres fans, pour faire bref, et quand cela a changé et que cela devenait « sérieux » (j’étais même trésorier un moment donné), j’ai préféré arrêter. Et puis, pour tout dire, Star Trek commençait à m’ennuyer. Je n’aimais pas la direction guerrière de Deep Space Nine, ce n’était plus l’esprit de Star Trek pour moi. Et Voyager était désespérément moyen. Je me souviens de nos éclats de rire en découvrant une simulation holodeck se passant pendant la seconde guerre mondiale, avec une Deux-Chevaux Citroën en gros plan. A vrai dire, à cette époque, j’étais beaucoup plus fan de Babylon 5, j’écrivais d’ailleurs plus sur cette série dans le PADD que sur Star Trek.
L’Aventure Continue n’avait plus de suivi depuis longtemps à ce stade, et trois numéros de la première itération du PADD parurent encore après notre départ à Pierre et à moi. Il était question de faire une version web de l’Aventure Continue, qui ne s’est jamais matérialisée, et qui ne m’aurait pas intéressée de toute façon. Je voulais du papier.
Restent huit numéros d’anthologie, écrits par des passionnés de l’univers, dans ma collection, et qui ont connus mes premiers écrits. Je vais les republier sur ce site prochainement je pense.
Je ne remercierai jamais assez Yvanie pour sa passion communicative et sa capacité à fédérer une communauté, talent qu’elle mettra ensuite au service des malades atteints de maladies rénales, elle-même ayant subi une greffe très jeune. Je n’ai aucun regret sur mes années « fanzinat », mais tout a une fin.