J’ai grandi avec La Guerre des Etoiles (don’t call it Star Wars). J’avais six ans quand le premier opus est sorti et je l’ai découvert… à travers les figurines ! Bien sûr, sans référentiel, j’ai attribué n’importe quel rôle à n’importe qui. J’ai gardé le mec au flingue, sûrement le personnage principal (Yan Solo), j’ai confié le docteur blondinet à mon petit frère (Luke, qui avait une seringue jaune qui lui sortait du bras), le Yéti était le méchant (Chiktaba), et le héros avait l’aide du robot blanc (Stormtrooper), le robot doré renvoyait les tirs de laser avec la cible sur son torse (Z6PO) et il y avait un robot-canon (R2D2). J’ai compris qui était qui en lisant l’album relié publié chez Lug, qui reprenait les deux premiers films en bande dessinée.
Commencer par la fin
De fait, le premier film de la trilogie que j’ai vu au cinéma était Le Retour du Jedi. C’était aussi le premier disque de musique de films que j’ai fait acheter à mes parents. J’avais déjà vu bien sûr plusieurs extraits des films précédents, j’avais vu le making-of, peut-être dans l’émission Temps X des frères Bogdanoff, et aussi Au Temps de la Guerre des Etoiles (le fameux Holiday Special, tronqué pour la version française, ce qui nous a sauvé de quelques autres moments embarrassants). A cette époque, les films n’étaient pas disponibles dans les vidéo-clubs, ni diffusés à la télévision avant plusieurs années. Si on les loupait au cinéma, il n’y avait aucun moyen de les voir ensuite.
Le cinéma sur mon lieu de vacances, à Carteret dans le Cotentin, diffusait des « vieux films ». J’ai ainsi pu y voir par exemple Superman 2 et la quasi-totalité de la filmographie de mes chouchous Terence Hill et Bud Spencer. Et La Guerre des Etoiles, pour la première fois.
Je ne vis L’Empire Contre-Attaque que plusieurs années plus tard, chez un copain dont le père avait eu on ne savait comment une copie pirate du film. Jalousie intense.
Une fin définitive
Après le Retour du Jedi, tout était fini. Le plan à l’origine était apparemment de tourner les préquelles 1 à 3, et de garder l’Empereur pour la dernière trilogie de 7 à 9, qui aurait été menée par la sœur de Luke, qui s’entrainait dans une autre partie de la galaxie, comme indiqué dans la première version de l’Empire Contre-Attaque écrite par Leigh Brackett en accord avec Lucas. Quand ce dernier réécrira l’Empire Contre-Attaque après la mort de Brackett, il se contentera de spécifier qu’il y avait « un autre espoir » que Luke.
Seulement voilà, George Lucas est rincé en 1983. La pression est sans doute trop forte pour lui. Après tout c’est son propre argent qu’il réinvestit à chaque opus de la saga, 20th Century Fox n’est que le distributeur des films. Même s’il se contente du rôle de producteur officiellement, officieusement il s’implique au quotidien, au point de demander rétrospectivement un crédit de co-réalisateur, que l’organisme officiel lui refusera. Et son mariage part en vrille. Sa femme Marcia est tombée sous le charme du décorateur d’intérieur, et demande le divorce.
Pour une raison ou une autre, Lucas décide alors que Le Retour du Jedi sera le dernier Star Wars. Il clôture alors toutes les pistes narratives. Vador ET l’Empereur meurent, et l’ « autre espoir » devient Leia, ce qui n’avait jamais été dans les plans initiaux. Point final.
La franchise qui refusait de mourir
De fait, la gamme de jouets se tarit en 1985, et même la bande dessinée Marvel, qui courait en parallèle des films sans interruption depuis 1977, s’achève, démontrant, déjà, qu’il n’y a plus grand-chose qui puisse maintenir l’intérêt au-delà des films.
Arrive le jeu de rôle en 1987, dans un désert de merchandising quasi complet. Chaque livre est approuvé par Lucasfilm, et, pour donner un exemple, les lecteurs attentifs comprennent assez rapidement que les Stormtroopers sont en fait des clones. Il est précisé en effet que personne ne comprend d’où ils sortent, et on insiste bien sur le fait qu’ils sont totalement incorruptibles, sans en spécifier la raison.
Le jeu semble suffisamment marcher pour que les gens de Lucasfilm tentent un pari, finalement peu risqué, à savoir sortir une suite en romans. L’écrivain engagé, Timothy Zahn, reçoit d’ailleurs les livres de jeu de rôle comme référence ! Je n’aime pas la trilogie de l’Héritier de l’Empire, mais le fait est qu’elle se vendra, et même beaucoup, reflétant l’appétit des fans de la trilogie, qui sont toujours présents. Rappelez-vous, il n’y avait pas internet à l’époque pour jauger de l’intérêt d’un public, qui n’a que son porte-monnaie pour démontrer que sa passion reste intacte malgré les années. Reste que narrativement, la suite reste assez faiblarde, pratique beaucoup de recyclage, fait un usage immodéré de coïncidences, ne fait pas évoluer les personnages principaux, et met en scène de nouveaux personnages peu charismatiques. Dark Empire, la bande dessinée de chez Dark Horse, aura beaucoup plus d’enjeu, car dans celle-ci Luke bascule brièvement du Côté Obscur !
La prélogie : une déception constante
De 1999 à 2005, Lucas prouve qu’il a sans doute été le cinéaste le plus chanceux de la planète, car tout ce qu’il démontre durant les trois films de la prélogie à mon sens, c’est qu’il ne comprend tout simplement pas, ou plus, le cinéma. A chaque fois pourtant, on veut y croire. Mais les faiblesses de Lucas, scénariste et dialoguiste, et non-directeur d’acteurs, éclaboussent les trois films de façon irrémédiable.
Anakin n’a jamais été un mec bien, il a toujours eu des idées… étranges. Son amitié avec Obi-Wan Kenobi aurait gagnée à être plus démontrée, personnellement je n’y ai jamais cru. L’histoire d’amour avec Padmé est ridicule (oh tu as tué tous ces hommes des sables ? Pauvre garçon, je te comprends…). L’existence des midi-chloriens ouvre une boîte de Pandore. Si le taux peut être mesuré avec une simple prise de sang, avec un résultat immédiat, est-ce que l’Empire teste tous les êtres de la galaxie pour éliminer les Jedis en puissance ? Si oui, pourquoi Yoda et Obi-Wan ne font rien pour empêcher cela ? Est-ce qu’on peut devenir Jedi par transfusion sanguine ? Et que faire de cette scène finale où Anakin est agonisant, et Obi-Wan… s’en va en marchant ? Si c’est son ami, n’aurait-il pas dû assister à ses derniers instants, ou même n’aurait-il pas dû l’achever pour lui épargner toutes ces souffrances ? A quoi sert Qui-Gon Jin si ce n’est à alléger la culpabilité d’Obi-Wan, qui n’aura pas réussi à entraîner Anakin ? Mais ce n’est pas sa faute, c’est Qui-Gon qui a insisté pour qu’il l’entraîne…
Le sauveur : Disney ?
Inutile de dire que quand Disney a racheté Star Wars, j’ai poussé un soupir de soulagement. Vraiment. Au moins on risquait d’avoir des films qui ressembleraient à du cinéma. Et c’est ce qui s’est passé au moins avec le Réveil de la Force. J’avoue, j’y ai cru. Oui, c’était une redite de La Guerre des Etoiles sur bien des aspects. Mais c’était bien fait, efficace. Les nouveaux personnages étaient plaisants et fun. Au chapitre des déceptions, l’impossibilité d’avoir ne serait-ce qu’une scène réunissant les trois acteurs principaux de l’ancienne trilogie, et ça, c’est aisément le plus gros scandale de ces suites.
On connait la suite, un épisode 8 faussement « subversif » qui au final n’est qu’un gâchis d’espace, puisqu’aucun des personnages principaux ne connait d’évolution, et un épisode 9 qu’on qualifiera charitablement de « foutraque ». Rogue One est parait-il intéressant mais n’apporte finalement rien à la saga, et passons Solo sous silence. The Mandalorian tourne autour de la saga originale sans apporter pour l’instant vraiment de point pertinent qui justifierait son existence au-delà du « fan service ».
Bref, pour moi, la trilogie originale de 1977 à 1983 se suffit narrativement à elle-même, et rien de ce que j’ai pu voir ou lire par la suite ne m’a convaincu de la pertinence de maintenir cet univers en vie ! Et pourtant, j’aurais aimé qu’il en soit autrement, je vous jure !
Et vous, quelle est votre relation avec Star Wars ? Avez-vous aimé les continuations et qu’attendez-vous de la suite ?