…et John Carter lança son médaillon aussi loin qu’il le put, sous le regard vide de son « chien » martien Woola.
Quel rapport avec Star Trek Picard me direz-vous ? Patience…
L’émotion ou la réflexion
Un créateur doit à certains moments choisir entre le respect strict de son histoire et l’émotion du moment. Jeter le médaillon au loin est un geste symbolique très fort pour John Carter, qui embrasse ainsi pleinement sa condition de Barsoomien en laissant la Terre loin derrière lui. C’est aussi un geste incroyablement stupide. Le médaillon est un atout stratégique d’une importance capitale dans la lutte à venir contre les Therns. Quels prodiges Dejah Thoris, qui dans le film est une scientifique accomplie; aurait-elle pu tirer de cet artefact ? Et cela nuit aussitôt à John Carter d’ailleurs, puisqu’il se retrouve ainsi, à cause de son geste impulsif, bloqué sur Terre comme un glandu pendant dix longues années après cet incident.
Il n’en reste pas moins que je trouve cette scène magnifique dans le film. Le cinéma, ou la télévision, est pour moi un média d’émotions avant d’être un média de réflexion.
C’est un peu l’état d’esprit que j’ai à la fin de la saison 1 de Picard. Beaucoup, beaucoup d’émotions, pour un scénario un peu bébête et en définitve sans grand intérêt, tellement sans intérêt que je n’en parlerai même pas dans ce message. Michael Chabon est d’ailleurs au générique de Picard ET de John Carter, est-ce finalement une si grande coïncidence ? Picard est un cheminement émotionnel, du début à la fin de la saison. Et sans surprise, les scènes les plus émotionnelles sont celles mettant en scène les anciens membres de l’équipage de l’USS-Enterprise-D. Les nouveaux personnages peinent à retenir l’attention (quelqu’un peut me dire à quoi aura servi Elnor ??), et on retiendra surtout de cette saison les scènes que Picard partage avec Riker, Troi, Data et Hugh l’ancien Borg. La série se refuse obstinément à donner aux fans ce qu’ils voulaient, à l’instar d’un Réveil de la Force qui nous privera à jamais de la possibilité de réunir à l’écran Luke, Han et Leia.
Oubliez l’univers par contre
L’univers prend cher, par contre, très cher, et je ne saurais blâmer les puristes qui râlent sur la toile. Ils ont des arguments. Trop de modernisme affadit considérablement l’univers de Star Trek, jusqu’à en faire un univers de science-fiction générique, ni mieux ni pire qu’un autre. La Fédération, pour faire simple, on aurait aimé y vivre. C’est fini. Les gens jurent, fument, boivent comme des trous. La Fédération a tourné le dos à ses idéaux, refuse désormais toute aide aux Romuliens, a banni les formes de vie synthétiques, que ses représentants traitaient visiblement comme de la m… de toute façon, et Picard a laissé tomber, tournant le dos à tous ceux qu’il connaissait visiblement pendant je ne sais plus combien d’années. La pauvreté n’a pas été éradiquée non plus, tiens, l’ancienne collègue de Picard, Raffie, grande vapoteuse devant l’éternel, en est réduite à vivre en quasi-SDF à Vazquez Rocks dans un mobile-home, au passage Vazquez Rocks est un célèbre lieu de tournage rocailleux de nombreux Star Trek dès les années 60 !
Un avis ambivalent
Tout cela pourrait laisser penser que j’ai détesté Picard, rien ne serait plus faux. Les défauts de la série m’empêcheront de la considérer comme étant du « bon Star Trek », cet qualificatif ne s’appliquant plus pour moi qu’à des histoires à présent vieilles de plus de trente ans, mais l’essentiel est là pour en faire un « bonne série ». Patrick Stewart continue à prouver qu’il est la meilleure chose qui soit jamais arrivée à Star Trek, un acteur d’un calibre tel qu’on pourra encore pendant des années se demander comment il a pu se retrouver dans cette série de science-fiction « qui ne devait durer qu’une année au plus ». Sa présence seule suffit à élever le jeu de tous ses compagnons acteurs à un niveau rarement atteint dans une série télévisée. La voir est passionnant, l’écouter parler est électrisant. Quand bien même l’univers part en vrille, lui-même reste droit dans ses bottes, le dernier représentant peut-être de l’idéal de la Fédération « à l’ancienne ». C’est peu, mais c’est déjà ça. Et quelle belle conclusion avec Data…
Star Trek Picard est visible en nos contrées sur Amazon Prime, si le cœur vous en dit…
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