STAR WARS, ou le refus de la dramaturgie

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Il était une fois en 1977 dans une galaxie pas si lointaine…

George se prélasse sur une plage, son dernier tournage l’a épuisé, moralement et physiquement. La dernier chose qu’il veut, c’est de rester à Hollywood alors même que son film va sortir en salles, persuadé que celui-ci va être un échec total au box-office.

Seulement voilà, George est, en ce 25 mai 1977, l’homme le plus chanceux du monde. Il ne le sait pas encore, mais il vient de gagner au loto une centaine de fois, en misant une seule fois. Son oeuvre va résonner auprès du plus grand nombre, devenir un phénomène de société, et survivre en roue libre depuis plus de quarante ans.

Et peut-être le plus grand drame de George, c’est qu’il ne comprendra jamais pourquoi…

1980, année bénie… ou presque !

« L’ Empire Contre-Attaque » restera l’anomalie de la saga Star Wars, un film aux thématiques plus matures que le précédent, et au visuel incroyable. Disons-le tout de suite, c’est le film qui subira le moins l’influence de George Lucas, qui laissera largement les rênes à Irvin Kershner et à son producteur Gary Kurtz.

Cela coûtera d’ailleurs son poste à Gary Kurtz, car cette qualité du film occasionnera des dépassements de budgets, et des sueurs froides à George Lucas, qui après tout investit son propre argent dans la production !

Reconnaissons tout de même à César ce qui appartient à George, à savoir l’idée de génie de faire de Dark Vador le père de Luke, idée qui ne se trouvait pas dans le premier jet du scénario du second film, signé Leigh Brackett. Signalons également le rôle primordial qu’aura le scénariste Lawrence Kasdan sur cet épisode, sur le suivant, ainsi que sur Indiana Jones.

Les résultats du film seront d’ailleurs inférieurs à ceux du premier film. Mais il va se passer un autre événement entre la sortie de l’ « Empire Contre-Attaque » et la sortie du « Retour du Jedi », c’est « Les Aventuriers de l’Arche Perdue »…

On l’a échappée belle en 1983 en fait…

…car la leçon qu’aura retenue George Lucas du premier Indiana Jones, c’est que peu importe finalement l’histoire ou les acteurs, ce que vient chercher le spectateur, c’est un spectacle de montagnes russes. Ce n’est qu’une analyse superficielle de ce qui a fait le triomphe des aventures de l’archéologue le moins précautioneux du monde, car Indiana Jones a bel et bien un arc narratif dans le film (et ce sera le même dans les trois premiers films, du scepticisme à l’acceptation du surnaturel !). Il n’a pas d’arc narratif dans le quatrième, apparemment avoir un fils ne lui fait ni chaud ni froid…

D’où le caractère absolument décousu du Retour du Jedi, qui n’est sauvé uniquement que par l’intrigue héritée de l’Empire Contre-Attaque, à savoir la résolution du conflit entre Luke et Dark Vador. Pour le reste… on a des péripéties spectaculaires, qui ont plus ou moins de sens (à quoi sert d’arrêter les stormtroopers à moto, Vador sait déjà de par sa connection avec Luke où se trouvent les rebelles !), des peluches vivantes, et un Yan (pas Han) Solo au comportement puéril, réduit à faire le comique de service.

De l’autre côté de la caméra, le mariage de George Lucas s’achève dans la douleur. Marcia part avec l’architecte d’intérieur. Double pression, c’est peut-être devenu trop pour George, trop lourd à gérer. D’où la décision, contrairement à ses intentions précédentes, de clôturer sa saga, alors qu’il parlait auparavant de neuf, voire douze films !

Luke et Dejah Thoris… je veux dire Luke et Leia !

 

La soeur de Luke, la vraie, l’ « autre espoir » évoqué par Yoda dans l’ « Empire Contre-Attaque », était censée s’entrainer de l’autre côté de la galaxie pour affronter l’Empereur. C’est précisé dans le premier jet du scénario, signé Leigh Brackett. La fin originelle du Retour du Jedi, révélée par Gary Kurtz, était douce-amère. Han Solo mourait, la Princesse s’en retournait refonder le Sénat, et Luke partait, seul, de son côté. Oui, certains éléments font penser au Réveil de la Force. Rien ne se perd vraiment…

En 1983, c’est quoi finalement, La Guerre des Étoiles ?

En 1983, La Guerre des Étoiles, c’est une saga finie. Vador est mort, sa rédemption acquise, et l’Empereur a été tué. Les Rebelles ont gagné. « L’autre espoir » est maintenant Leia, devenue par défaut la soeur de Luke. Point. Il ne reste plus rien à raconter.

En dehors des films ? Une émission de variété pourrave, le fameux « Holiday Special », des comics mais sans conséquence aucune sur les films eux-mêmes, une poignée de romans, dont ce qui aurait pu être la suite à petit budget du premier film, si celui-ci avait échoué au box-office, « Splinter of the Mind’s Eye ». Quelques dessins animés, « Ewoks » et « Droids », et les deux téléfilms enfantins sur les Ewoks eux-mêmes, dont le premier est sorti en salles chez nous, précédé d’une chanson atroce signée Dorothée.

En 1985, la gamme de jouets Kenner meurt de sa belle mort, dans l’infantilisation et l’indifférence quasi générale.

1987 et plus : la renaissance ?

La premier signe avant-coureur est la parution du jeu de rôle en 1987 aux États-unis. Le jeu de rôle, c’est déjà plus de dix ans d’existence, et c’est le premier, officiel, sur La Guerre des Étoiles. Il s’agit encore de rester dans les limites de la trilogie d’origine, sans trop extrapoler sur ce qui est encore inconnu sur le calendrier officiel. Mais c’est super pour un rôliste comme moi de pouvoir explorer cet univers balisé.

Mon exemplaire chéri du jeu de rôle de La Guerre des Étoiles (Jeux Descartes)

C’est à tel point que lorsqu’il est question d’écrire une suite au Retour du Jedi, sous forme de roman cette fois, Lucas n’ayant aucune envie de refaire des films, l’écrivain Timothy Zahn se voit livrer les suppléments du jeu de rôle ! L’Héritier de l’Empire, le premier roman de la trilogie, fait un carton.

De mon côté, j’ai détesté. Car les personnages sont figés, car ils ne peuvent pas évoluer. Interdit. Et tout a été dit sur eux, on n’apprend rien, ils n’ont aucun arc narratif digne de ce nom. Le grand méchant, Thrawn, est insipide. Juste un mec bleu, habillé en blanc, qui analyse les peuples d’après leurs oeuvres d’art, idée stupide s’il en est. Analyse NOTRE Terre pour voir, tu vas avoir une sacrée migraine…

Des plantes espions, la Force utilisée n’importe comment, des oppossums qui repoussent la Force, une « bras droit » de l’Empereur inconnue, et qui retourne sa veste de façon quasi instantanée, une flotte impériale automatisée, un grand méchant assassiné par un figurant… Rien ne va, et pourtant les gens semblent adorer. Je ne comprendrai jamais

La prélogie, le néant émotionnel

Passons sur ces fichues « éditions spéciales » ignobles, qui désormais remplacent les version d’origine, qui sont invisibles depuis dans une qualité correcte. Et inutile de me parler de ces tranferts Laserdics pourris qui sont sortis « en bonus » des éditions spéciales (qui ont été retouchées non pas une fois mais au moins DEUX fois !), ça n’est pas suffisant.

Non, la vraie déception, c’est la prélogie signée du seul George Lucas qui commence à sortir en 1999. C’est quoi ces films ??

Refus de la dramaturgie (c’est quoi cet esclave qui a du temps libre et qu’on ne voit jamais maltraité ? Où est l’amitié supposée entre Obi-Wan et Anakin ? Pourquoi Anakin montre des comportements problèmatique AVANT son passage vers le Côté Obscur ? C’est quoi cette écriture de l’histoire d’amour entre Padmé et Anakin ?), des péripéties qui ne font qu’augmenter le temps de visionnage pour pas grand-chose, un humour lourdingue, des démos d’arts martiaux qui remplacent la tension dans les duels, une musique qui ne s’arrête JAMAIS (à part la scène de course), et qu’on remarque uniquement parce qu’elle n’a rien à illustrer…

À chaque sortie, des critiques au début enthousiastes (enfin, un film digne de l’ « Empire Contre-Attaque » ! En fait, non), et puis, le rien au cinéma.

La vraie trilogie de l’époque, c’est Le Seigneur des Anneaux. J’ai appris qu’il y avait des fans de la prélogie… une seule pensée me vient : pourquoi ? C’est creux, vide, et ça détruit toutes les surprises de la trilogie d’origine si on a l’idée (saugrenue) de les regarder dans l’ordre ! C’était nul à l’époque, c’est toujours nul de nos jours.

Même les photos de presse sont nazes !

L’espoir Disney !

J’avoue, j’y ai cru, à Disney. Je m’étais dis qu’AU MINIMUM on aurait des films au moins compétents.

En fait j’attendais DEUX choses de Disney, et deux seulement : la ressortie de trois premiers films dans leur forme originale et en qualité optimale, et AU MOINS une scène qui réunirait à l’écran Luke, Yan (pas Han) et Leia.

Bande de branquignols…

Et là on a ce qu’on a eu, une trilogie non préparée, inintéressante. Le premier film offrait des pistes qui auraient pu donner quelque chose. Finn était intriguant, et il y avait une vraie alchimie entre les nouveaux personnages.

Que fait le second film ? Il les sépare, introduit des personnages sans aucun intérêt, et est un gâchis d’espace. Entre le début et la fin il ne se passe rien, on en est au même point narrativement parlant. Luke meurt ? La belle affaire, Rey n’a pas besoin d’entrainement. Snoke disparaît dans l’indifférence générale. C’est tout.

La scène qui aurait pu tout faire basculer, c’est le moment où Rey aurait pu accepter la main tendue de Kylo Ren. Si elle avait consenti au pacte, LÀ on aurait pu avoir de l’inédit, de l’inattendu. Mais non, comme Orangina Rouge, il était vraiment trop méchant… Pourquoi ? Parce que…

Refus de la dramaturgie, encore et encore.

J’ai pas vu le 3, je me suis contenté des critiques Internet. Rogue One proposait une histoire du passé dont on se passait bien, et Solo, idem.

Je n’ai pas Disney+, et je ne pirate pas, donc je n’ai pas vu Mandalorian, Boba Fett, Obi-Wan, Ahsoka. Cette dernière série en particulier, on semble lui reprocher le manque de profondeur de ses personnages. Ce n’est pas une trahison de l’univers, c’est la suite directe des scories héritées du Retour du Jedi. Filoni a tout compris de George Lucas, si vous voulez mon avis.

Encore une fois, on a eu du bol en 1983 qu’il restait l’intrigue entre Luke et Vador à terminer…

 

Et vous, quel est votre rapport à Star Wars ? Êtes-vous aussi blasé que moi ? J’espère que non, sincèrement. Dites-le moi en commentaire, ça m’intéresse !


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