Le dernier Tarzan « live » datait de 1998, et le moins que l’on puisse dire était qu’il n’avait guère marqué les esprits. A cet égard il est étonnant de constater à quel point les scénarios de « Tarzan et la cité perdue » et celui de ce « Tarzan » de 2016 sont proches ! Tous deux commencent à Londres où Tarzan mène une vie de Lord anglais en tant que John Clayton, troisième du nom. Des circonstances particulières l’amènent à retourner en Afrique, où il devra affronter un chef mercenaire et ses hommes amoureux de leur mitrailleuse Gatling…
LES ACTEURS
Alors, qu’est-ce qui fait la différence définitive dans ce nouveau et excellent Tarzan ? Les acteurs tout d’abord. Si Casper Van Dien a le physique d’un Tarzan, son personnage n’est guère complexe. Alexander Skarsgard incarne de son côté avec puissance toutes les facettes d’un personnage beaucoup plus compliqué qu’auparavant. Il met à la fois en lumière l’animalité du personnage, ainsi que son côté plus civilisé et… drôle.
On oublie à quel point l’humour a toujours fait partie du personnage tel que l’avait créé Edgar Rice Burroughs. Un humour quelquefois cynique, souvent noir même. Mais je ne m’attendais pas à ce que la meilleure blague soit d’ordre sexuel ! Vous verrez, c’est cru mais efficace ! Pas sûr que le vieux Maître aurait apprécié, mais bon…
Le personnage de Jane est très bien incarné par Margot Robbie, mais malgré tout ce que vous pourrez lire dans les interviews, les scénaristes et cinéastes font tout ce qu’il peuvent pour cacher le fait que Jane est bien, dans le film, une vraie et authentique demoiselle en détresse !
Tout comme le film de 1998, le film utilise la cité d’Opar dans son scénario, mais sans mettre en scène les habitants même d’Opar, dont la magnifique prêtresse La, personnage très connu et apprécié des fans !
LA JUNGLE, CE N’EST PAS UNE COLONIE DE VACANCES !
Mais ce qui fait surtout la différence dans ce nouveau film, c’est la jungle. Dans « Tarzan et la cité perdue », la jungle c’est Disneyland, c’est « it’s a wonderful life » dans la jungle. Tout y est lumineux, on s’éclate dans les arbres… Rien de tel dans le nouveau film. La jungle est telle que la pense Burroughs en 1912, le lieu de tous les dangers. Elle est sombre, humide, inhospitalière, et les créatures qui l’habitent sont dangereuses, les Manganis en premier lieu. Des gorilles ? Non, et c’est précisé dans le film. Les gorilles, eux, sont très doux par rapport aux Manganis !
LE PROCHAIN QUI SORT UNE CARTE JE L’EXPLOSE !
Et il y a le contexte historique tant vanté, l’exposition des crimes du roi Léopold II de Belgique, qui par l’entremise de son homme de main, Léon Rom (Christoph Waltz, qui reste égal à lui-même, pas transcendant mais efficace), asservit la population et la réduit, dans les faits, en esclavage. Le génocide sera découvert par George Washington Williams (Samuel L. Jackson), qui dans la vraie vie écrira une lettre ouverte dénonçant ces crimes en 1890. Idée séduisante au départ, mais qui menace constament d’emmener le film vers le bas.
C’est bien simple, à chaque fois qu’un nouveau personnage sort une carte pour délivrer encore un peu plus d’exposition (ce qui arrive au moins trois fois dans le film !), j’avais envie de jeter quelque chose sur l’écran ! C’était un peu ce qui se passait aussi dans John Carter, où l’on transformait une histoire d’amour simple en départ, en complot potentiellement intergalactique. Les personnages de Tarzan, comme ceux de John Carter, étaient pourtant suffisamment forts et bien traités pour porter sur leurs épaules leurs films respectifs, sans qu’il soit nécessairement besoin de rajouter une menace épique sur le dessus.
CONCLUSION : C’EST DE LA BONNE !
Car c’est bien ce que je retiens de ce Tarzan, une romance qui pour une fois, fonctionne à l’écran. L’alchimie entre Margot Robbie et Alexander Skarsgard crève l’écran. Le mot de la fin leur appartient, et j’apprécie également le fait que le film ne suggère pas forcément de suite ! C’est devenu tellement rare ces temps-ci… L’émotion est présente à de nombreuses reprises, et notamment dans les nombreux flashbacks qui reviennent sur la jeunesse de Tarzan. Certains sont même particulièrement émouvants.
Mention spéciale à l’extraordinaire Djimon Hounsou dans le rôle de Mbonga. Il a peu de scènes finalement, mais elles sont particulièrement poignantes. Les meilleures du film peut-être, lors de sa confrontation avec Tarzan.
Enfin, deux choses à signaler au passage. En premier lieu, l’usage particulier d’un chapelet aurait je le pense beaucoup plu à l’athée qu’était Edgar Rice Burroughs. Ensuite, l’absence de John Hurt, qui avait été annoncé pour incarner le père de Jane, Archimède Q. Porter, et qui a disparu de tous les listings !
Inutile de préciser que je recommande chaudement ce film. Les spectateurs ont applaudi à la fin de la séance, ce que j’ai trouvé inhabituel, et pour tout dire, ça m’a toujours semblé bizarre d’applaudir au cinéma, où aucun des artistes ne peut vous entendre !
C’est désormais, quoi qu’il se passe désormais pour le film au box-office, le film le plus proche du Tarzan tel que l’aura imaginé Edgar Rice Burroughs il y a 104 ans maintenant, ce qui n’est pas un mince exploit !
(ci-dessous, mon e-billet pour la séance, en bonne compagnie ! La 3D n’apporte strictement rien, sauf dans une scène impliquant un collier)
Et vous, qu’avez-vous pensé du film ? N’hésitez pas à me le dire en commentaire !