Marrant comme on se souvient toujours du jour où on est tombé amoureux, alors qu’on peut tout oublier de ce qui s’est passé la semaine dernière. Star Trek le film est sorti il y a 35 ans, le 6 décembre 1979.
Mais passons en 1986. Je connaissais déjà Star Trek depuis quelques temps, j’avais vu quelques épisodes de la série originale diffusée sur TF1, quelquefois d’ailleurs en bouche-trou quand il n’y avait pas d’autre programme disponible (l’épisode sur lequel je tombais le plus souvent était « Amibe »). J’aimais bien, mais à ce stade ni plus ni moins que Galactica ou Buck Rogers. Peut-être même moins d’ailleurs, les effets spéciaux et les costumes étant finalement vachement mieux dans Galactica et Buck Rogers…
Arrive Silvio Berlusconi, alors pas encore le queutard président du Conseil Italien, mais juste un queutard puissant homme d’affaire. Désireux d’étendre son empire télévisuel en Europe, il décide de lancer une cinquième chaine télévisée en France, débauchant à grands coups de francs les stars de TF1 de l’époque pour des programmes à grand spectacle. Dans ses bagages également, des films et des séries. Et parmi les films annoncés en grande pompe le jour du lancement de la chaîne, Star Trek 1 et 2 ! Mon intérêt est piqué d’emblée, mais franchement, qui voudrait voir des films tirés d’une vieille série télé ? Hein, qui ?
De mon côté est programmé à ce moment-là un voyage sur les plages du débarquement de 1944 en Normandie avec toute ma classe. Manque de bol, je tombe malade la veille… Je m’apprête donc à passer quelques journées de m… alors que mes copains sont partis s’éclater sur la plage.
Il faut savoir également ce que c’était de regarder La 5 à l’époque. La réception était loin d’être optimale, les images étaient zébrées en permanence, et le son grésillait tellement qu’on aurait pu croire qu’un essaim d’abeilles avait pris refuge dans le salon.
Me voilà donc installé avec 39 de fièvre devant Star Trek le film, diffusé cet après-midi-là… J’en suis resté sans voix. Immense, incroyable, majestueux, c’était un film d’une classe folle. Et cette musique de rêve ! J’étais scotché devant mon écran, essayant de distinguer à travers les zébrures ce qui pouvait bien constituer l’intérieur de ce V’Ger, sans succès. C’était hypnotique, envoutant, intriguant, un exemple de parfait film contemplatif comme je n’en avais jamais vu. Enthousiaste, j’ai regardé toutes les rediffusions sur lesquelles j’ai pu tomber pendant mes quelques jours de convalescence.
Etait-ce lié à mon état de fièvre ? La question peut se poser, mais non. J’ai depuis toujours revu le film avec le même plaisir.
Star Trek 2 ne fit que conforter ma première impression, celle d’être tombé amoureux de tout un univers. La vision de la série des années 60 allait-elle refroidir mon ardeur ? La 5 commença à diffuser celle-ci quelques mois plus tard, à raison d’un épisode par soir, et je fus enthousiasmé de découvrir enfin la série dans son intégralité. Galactica et Buck Rogers pouvaient aller se rhabiller (sauf la princesse Ardala bien sûr !).
Dans ce domaine, tout commença donc en cette journée de 1986, le jour où je suis tombé amoureux de Star Trek.