Ma relation compliquée avec JURASSIC PARK (1993)

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Séquence émotion

Tout d’abord, je dois faire une confession toute personnelle qui fait que Jurassic Park aura, malgré tout, une place particulière dans mon coeur. C’est le dernier film que j’ai vu avec mon père. À vingt-deux ans en 1993, j’avais pris l’habitude d’aller au cinéma tout seul. Aussi fus-je très surpris lorsque mon père me dit « tiens, j’irais bien le voir celui-là », quand je lui annonçai mon attention de me rendre dans la salle obscure.

Nous avons donc partagé cette expérience cinématographique ensemble, et aucun de nous ne savait qu’elle serait la dernière. « C’était pas mal », fut sa critique. Ce roc qui n’avait jamais le moindre rhume tomba gravement malade peu après et mourut en 1998.

Affiche Jurassic Park

Alors le film était comment ?

Avec mes yeux de jeune adulte, je lui aurais mis un « bien mais sans plus », qui paraîtra aberrant à tous ceux qui le considèrent comme un chef d’oeuvre. C’est en allant sur les réseaux sociaux que je me suis rendu compte de l’aura incroyable de ce film auprès de beaucoup d’internautes. Est-ce une question de génération ? Pas forcément, même ceux qui approchent de mon âge le considèrent en haute estime.

À vrai dire, si je pouvais décrire mon sentiment exact en sortant de la salle de cinéma, cela aurait été « triste ». Car j’ai eu l’impression d’assister à ni plus ni moins que la mort du cinéma.

« Ça y est, ils peuvent tout faire maintenant »

Avant Jurassic Park, il y avait une forme de magie dans le cinéma de l’imaginaire. Les cinéastes devaient se battre avec la technique pour réaliser leur vision. J’étais friand dans les magazines spécialisé des sections traitant des effets spéciaux. Les concepteurs devaient redoubler d’ingéniosité pour arriver à leurs fins. Est-ce que les effets spéciaux se voyaient ? Oui, pour la plupart, et cela ne me gênait pas.

Alors certes, il y avait quelques effets numériques avant, comme dans Abyss ou Terminator 2, mais ceux-ci n’étaient pas encore « photoréalistes ». Le pas est franchi avec Jurassic Park. Je n’ai pas vécu cette expérience comme un progrès, même s’il restait encore pas mal d’effets physiques dans le film. Le plus triste était de deviner la déception du concepteur d’effets spéciaux Phil Tippett, qui voyait là s’envoler sa seule chance d’animer des dinosaures dans un film, au profit des ordinateurs d’Industrial Light and Magic.

Je savais d’ores et déjà que les articles sur les effets spéciaux allaient dorénavant se limiter à « oh, c’est fait par ordinateur ». Il reste heureusement quelquefois des effets physiques en « dur », et quelquefois même plus qu’on ne le croit, mais c’est devenu l’exception plus que la règle.

Au moins l’histoire était bien, non ?

Ben pas tant que ça, en fait. J’aimais mieux ce film quand il s’appelait Mondwest (Westworld). Sorti l’année de ma naissance, c’est un film de Michael Crichton, donc celui qui a écrit Jurassic Park, sur un parc d’attraction qui partait, lui aussi, en sucette. Sauf qu’à la place de dinosaures, on avait des robots, dont le fabuleux Yul Brynner dans son costume des « Sept Mercenaires ».

D’autre part je ne suis pas sensible aux histoires de monstres géants. Autant je comprends et apprécie la poésie du King Kong de 1933, autant Godzilla et les films de dinosaures en général me laissent froid. Bien souvent les monstres prennent le pas sur les êtres humains, qui n’ont que pas ou peu de développement. À part Ann Darrow dans King Kong, se souvient-on d’un personnage marquant dans ces films d’ailleurs ?

Je m’intéresse surtout aux être humains dans les films. c’est une de mes limitations quand je vais voir un film.

Et je n’ai jamais aimé les gosses dans les films. Voilà, c’est dit. 🙂

Des personnages « fonction »

J’ai trouvé les personnages de Jurassic Park assez fades finalement, pas très développés. Alan Grant apprend à supporter des gosses, mais c’est bien tout dans son arc narratif. C’est lui qui se tape la balade dans tout le parc pendant la majorité du métrage avec les deux gamins. Ian Malcolm (qui je crois, meurt de ses blessures dans le livre), n’a pas d’évolution, Ellie Sattler non plus. Hammond voit son rêve se briser, mais a-t-il réellement appris quoi que ce soit ? Il est même prêt à retenter l’expérience après ce désastre, d’après ses propres dires dans le film. Dans le livre, il se sacrifie à la fin parce qu’il n’y a pas assez de place dans l’hélicoptère.

Le problème « Spielberg »

Oui, Steven Spielberg est un réalisateur extraordinaire, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit. C’est même sans doute un des plus grands réalisateurs du vingtième siècle. Alors, quel est ce fameux problème ?

le problème, c’est que lorsque qu’on était familier de tous ses films de divertissement précédents, il était impossible d’être surpris par Jurassic Park. On savait que les gosses s’en sortiraient, et on savait qu’Alan Grant finirait par apprécier ces gosses, parce que c’était Spielberg à la réalisation. Dès lors, plus de suspense durant la scène, certes très bien réalisée, de l’attaque du Tyranosaure. Plus de suspense lors de la scène de la clôture électrique, ou lors de l’attaque finale des raptors. On devinait que chacun des personnages principaux avaient toute la sympathie du réalisateur, et qu’ils survivraient quoi qu’il arrive, ce qui n’a pas manqué.

Ne reste plus alors qu’à admirer la maestria de Spielberg derrière la caméra. « Ah, c’est bien fait, ça ». J’en étais réduit à apprécier des aspects techniques ! Et je ne pouvais m’empêcher de penser que Spielberg avait déjà fait beaucoup, beaucoup mieux. Oui, la montée en tension est bien gérée, c’est bien filmé, bien monté, mais je ne percevais aucun enjeu à part la survie pure des protagonistes, dont on savait qu’ils allaient survivre parce que c’était un film de Spielberg. Même dans « La Guerre des Mondes« , il fait ça, une fin heureuse !

La scène de l’attaque du Tyranosaure, d’ailleurs, est finalement la seule qui me reste en mémoire. Quand le film était projeté à la FNAC, les gens s’aglutinaient devant l’écran de télévision, hypnotisés par la force de cette séquence. Après celle-ci, ils se dispersaient dans le magasin pour ne plus revenir devant l’écran. C’est un peu la sensation qui m’est restée du film, une formidable démo technique pour régler le son de ses enceintes.

Voilà donc ma relation compliquée avec ce film qui pourrait se résumer en deux phrases : je ne suis pas réceptif aux films de monstre, et je n’aime pas voir des gosses dans mes films !

Et les suites alors ?

Je les ai regardées. J’aime bien Le Monde Perdu, mais pareil, les personnages me sont parus encore assez insignifiants dans ces films. Et il y avait ENCORE une gosse ! Le 3 est sympathique, avec pour moi les mêmes qualités et défauts, le principal défaut étant bien sûr l’absence de Spielberg, et l’incapacité de Joe Johnston à fournir au moins une séquence iconique, comme l’attaque du T-Rex dans le un et la scène d’attaque des DEUX T-Rex dans le deux.

Je n’ai jamais regardé un Jurassic World en entier.

 

Et vous, aimez-vous ce film, ou même l’adorez-vous comme la plupart des gens ? Si c’est le cas, je vous envie, sachez-le ! Dites-le moi en commentaire !


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