The Gamers: Dorkness Rising est, tout simplement, mon film préféré sur le jeu de rôle. Il y en a quelques autres, mais il portent en général un regard culpabilisant sur le loisir, comme Mazes and Monsters avec Tom Hanks, ou Zero Charisma et son maître de jeu limite sociopathe. Ne parlons pas des téléfilms diffusés en France sur le « jeu de rôle », qui mettaient en scène des sociétés secrètes limite démoniaques, qui faisaient commettre à leurs membres de mauvaises actions en échange de « points d’expérience », et où on nous exhibait un livre du maître de Donjons et Dragons à la couverture antique.
Il existe aussi un film islandais, Astropia, qui a même connu une sortie en DVD en France, chez Kaze. Il est très sympathique, mais il commet le péché ultime de ce genre de film : les geeks se révèlent en fin de métrage plus combatifs que la bande de voyou qui a enlevé l’héroïne principale. Je sais bien qu’un personnage dans X-Files a fièrement annoncé « je sais ce que c’est que le cran parce que j’ai joué à Donjons et Dragons« , mais c’était ça la blague. Ça n’est pas censé arriver !
A propos de X-Files, il y a une autre merveilleuse référence au jeu de rôle. En l’honneur d’un de leurs amis disparus, les trois « Lone Gunmen » font une partie de jeu de rôle, le grand blond annonce fièrement que son personnage, Lord Manhammer, sera de la partie. Le nom m’est resté en tête, je ne sais pas si c’est une erreur de la traduction, car le nom du personnage est littéralement « l’homme-marteau » !
Les joueurs : l’ascension de la stupidité
Cette traduction littérale du titre ne rend pas justice au film, car c’est bien d’un long-métrage qu’il est question (1h45). Le premier » The Gamers » est un court-métrage, un galop d’essai avec certains acteurs en commun. Il témoigne bien de certains excès des personnages des joueurs dans les jeux de rôle, alternant séquences se passant dans le monde du jeu et autour de la table. Finalement les personnages trouvent un portail… et font ce qu’ils font normalement dans la fiction, taper et poser des question après.
The Gamers: Dorkness Rising reprend le principe de la partie autour de la table, et les scènes dans le monde du jeu. Les règles utilisées sont très officiellement celles de Donjons et Dragons troisième édition, ce qui ajoute à l’authenticité du rendu. Il apparaît très vite que le maître de jeu, Lodge, a beaucoup d’ambitions pour son scénario, qu’il tente en parallèle d’écrire sur son ordinateur. Mais ses joueurs sont loins d’afficher la maturité qui pourrait fournir à Lodge l’inspiration qui pourrait lui permettre de débloquer le syndrome de la page blanche. L’arrivée d’une nouvelle joueuse va-t-elle faire pencher la balance ?
C’est aussi un peu le principe d’Astropia, une joueuse novice qui découvre le loisir.
Les simulationistes contre les interprètes
Le film met en scène une dychotomie bien connue des joueurs de jeu de rôle, à savoir le choix entre le respect des règles – qui conduit quelquefois à une optimistation forcenée de certains joueurs, cherchant à avoir le personnage le plus efficace possible – par rapport à ceux qui préfèrent interprêter un rôle et raconter une histoire.
Bien sûr, la vérité se situe quelque part entre les deux, idéalement. Joanna incarne la tendance plus « jeu d’acteur », et Cass, son ancien petit ami, l’optimisateur, qui va jusqu’à apprendre par coeur les statistiques du Manuel des Monstres ! Forcément, il y aura conflit, et Cass se fâchera avec Lodge. Pas longtemps, hein, ces petites fâcheries que peuvent connaître tous les amis ne durent jamais très longtemps.
Le personnage de Cass d’ailleurs surprend. Loin d’être le prototype du « geek » en surpoids, il est même plutôt assez musclé. Au temps pour les clichés !
Fauché mais sincère
L’aspect fauché du film pourra prêter à sourire, mais la démarche est sincère et éminemment sympathique. Les acteurs jouent très correctement, et l’histoire est bien menée. A noter la reconstitution pendant le film du scénario d’un jeu de plateau imaginaire, Pirates contre Ninjas, assez amusant.
J’ai préféré l’acheter, le DVD est toutes zones, mais si vous le cherchez, vous le trouverez sans doute facilement.
Et vous, vous est-il arrivé de vous fâcher « à mort » avec votre maître de jeu pour une c…ie ? Si oui, dites-le moi en commentaire !