TARZAN par Joe Kubert, chef d’oeuvre d’adaptation, tome 2 !

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Suite et fin de la parution chez Delirium des aventures de Tarzan scénarisées et déssinées par l’immense Joe Kubert. Dans ce tome 2 sur 2, qui garde toutes les qualités du tome 1 (à savoir, pour rappel : « grand format, presque 300 pages, papier de grande qualité et couleur magnifiques (et pas cette purée digitale qui enlaidit les comics modernes) », Joe Kubert adapte notamment deux romans d’Edgar Rice Burroughs directement, tout d’abord « Le retour de Tarzan », le second roman, et « Tarzan et l’homme-lion », le 17ème !

L’adaptation du « retour de Tarzan » est à nouveau d’une concision et d’une fidélité exemplaires, démontrant aisément toute la passion et la compétence narrative impressionnante de Joe Kubert. Contrairement à ce qui est écrit, ce n’est pas la première adaptation du roman, car Gaylord Dubois et Russ Manning l’avaient déjà adapté pour Gold Key en 1966. Mais c’est la plus complète, Dubois et Manning ayant « omis » l’épisode algérien. Cela peut se comprendre, car ces péripéties ne correspondent pas vraiment à ce qu’on pourrait imaginer d’une aventure de Tarzan ! Celui-ci, en effet, tout habillé, y mène une enquête pour le compte des services secrets français ! Du simili-James Bond avant l’heure ! Etait-ce ce qui a incité l’éditeur Thomas Metcalf à refuser le « Retour de Tarzan » lorsque Burroughs lui a soumis le manuscrit ? Metcalf s’en mordra les doigts, car Burroughs proposera le texte à un concurrent, lequel fera moins la fine bouche !

A noter que Kubert ne cherche pas à « améliorer » le texte original, il y laisse ce qui demande bien souvent le plus de suspension d’incrédulité chez les lecteurs de Burroughs : le recours à des coïncidences assez incroyables ! Ainsi tous les personnages du roman finissent, par le plus grand des hasards, aux alentours de la cabine des parents de Tarzan en Afrique, pour le dénouement. Au passage, profitez bien de la présence de Jane, car celle-ci disparaît du reste du volume !

Je ne vais pas jouer les « grands spécialistes » et prétendre que je peux juger de la fidélité de l’adaptation de « Tarzan et l’homme-lion » car je n’ai pas encore lu ce roman ! Mais si l’adaptation est fidèle, l’histoire est bien barrée, avec cette équipe de tournage qui veut filmer en Afrique, cet acteur sosie parfait de Tarzan, ces singes parlant anglais, grâce à un « Dieu » britannique et savant fou, et ces mutants à l’apparence humaine pratiquant le dialecte des grands singes !

Le contexte est savoureux, car lorsque Burroughs écrit ce roman en 1934, les films avec Johnny Weissmuller et Maureen O’Sullivan triomphent sur les grands écrans du monde entier. Burroughs apprécie beaucoup les royalties, mais nettement moins ce que son héros est devenu à l’écran. Dans l’adaptation en bande dessinée, l’ambition de l’équipe du film est de faire mieux que celle de « Trader Horn » (1931). Or c’est à cause, ou plutôt grâce à ce film, que MGM envisagea de tourner de nouveaux Tarzan. L’équipe de tournage avait en effet accumulé de nombreuses séquences en Afrique, et MGM cherchait simplement à rentabiliser cet investissement ! Le reste fait partie de l’Histoire du cinéma. Dans le roman apparemment, Tarzan finit par se rendre à Hollywood, passe le casting pour incarner son propre rôle… et est refusé, ne correspondant pas au type recherché ! Ô ironie, quand tu nous tiens…

Je vais quand même endosser à nouveau ma panoplie de pinailleur pour la courte biographie d’Edgar Rice Burroughs en fin de volume. « Tarzan of the Apes » n’a pas été découpé en plusieurs parties pour sa parution en magazine « pulp » en 1912. Tout le roman fut publié dans le seul numéro d’octobre 1912 (avec cette fameuse erreur corrigée plus tard : la présence de « Sabor le tigre » en Afrique). Et les fans auraient sans doute bien aimé que Burroughs écrive jusqu’à sa mort en 1950, mais son dernier texte connu date plutôt de 1944, sa santé déclinera ensuite.

Mais que ces pinaillages insignifiants ne vous empêchent pas d’apprécier à leur juste valeurs ces aventures de Tarzan (dont une moitié d’aventure de son fils, Korak) illustrées de main de maître par Joe Kubert ! Chaudement recommandé !

9791090916463


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